LEGALLAIS en quête de la première place !
Quatre jours déjà que le départ de The Transat CIC a été donné. Quatre jours qui, depuis la terre, ont paru passer très vite tant le match en tête de flotte est exaltant ! Sur l’eau, Fabien Delahaye, skipper du class40 LEGALLAIS, voit les heures s’étirer tant chacune est occupée de manière intense par les manœuvres et la gestion du bateau. Le Normand s’est emparé de la tête de flotte hier matin. Une grande satisfaction pour le solitaire qui a réussi jusqu’alors à dompter les conditions extrêmement difficiles rencontrées par les monocoques depuis qu’ils ont quitté Lorient. En 2e position ce jeudi, le combat pour conserver la première place du classement est loin d’être terminé…
Entre vent fort, bateau lancé à bonne vitesse, mer hachée et zones de transition, le rythme de cette Transat CIC est effréné et n’a épargné ni les hommes ni les bateaux. La vie à bord n’est possible qu’en se tenant constamment. Accroché à une main courante ou les pieds appuyés fortement contre une cloison, Fabien tente en permanence de ne pas voler, de se stabiliser pour pouvoir travailler la météo à la table à carte, se reposer, ou se nourrir. Si les yeux du skipper du Class40 LEGALLAIS sont cernés sur les dernières vidéos reçues du bord, Fabien profite de sa position en tête de flotte. Forcément, faire la course devant lui donne beaucoup d’énergie et même les « petites galères » du quotidien n’atteignent pas son moral malgré le stress et la fatigue générés par les dernières heures de course. « Le match est intense avec Ian (Lipinski). Je l’ai encore à vue. Il ne lâche rien et moi non plus. Je sais qu’il a des problèmes, moi aussi, et que le reste de la flotte n’est pas loin non plus. Tout le monde s’accroche, ça fait toujours du bien d’être devant et d’avoir un petit capital si j’ai besoin de bricoler » raconte le skipper.
Hier, le Normand a dû gérer la fuite d’un ballast. Ces grands réservoirs remplis d’eau de mer servent à stabiliser le bateau. Les chocs répétés sous les effets de la dépression et du vent fort rencontrés pendant plusieurs heures ont eu raison de l’un d’entre eux qui s’est mis à déverser des litres d’eau dans la zone de vie et près de tous les appareils électroniques. Alors, avec beaucoup de calme (mais toujours à bord d’un bateau faisant du saute-mouton à chaque vague), Fabien a épongé et asséché tout son bateau. Ce 1er mai n’a décidément pas été de tout repos à bord du monocoque noir et jaune !
Depuis, tout est rentré dans l’ordre et la bataille fait toujours rage avec Lipinski. Le skipper de Crédit Mutuel est à 1,7 milles du tableau arrière du Class40 normand. Les deux hommes sont à portée de radio VHF et ont pu échanger à plusieurs reprises. Chacun racontant à l’autre ses petits bobos comme on appelle un ami pour se faire réconforter. Fabien n’est pas mécontent de mener la danse face à l’un des meilleurs skippers de la classe, surtout face à l’un de ceux qui connaît le mieux son bateau. Le Class40 LEGALLAIS est plus récent et Fabien le maîtrise un peu moins. C’est sa première course en solitaire à son bord et il est donc super satisfait pour l’heure des performances de son monocoque.
LEGALLAIS, toujours décalé dans le nord de ses adversaires, traverse depuis plusieurs heures une dorsale anticyclonique et devrait sortir de cette zone de transition dans l’après-midi. Le bateau progresse, dans un flux plus calme de Nord – Nord Est pour une dizaine de nœuds. Cela va être l’occasion pour Fabien de réparer une cloison qui a cédé aussi dans la tempête d’hier. Il faut profiter de ce répit pour prendre soin de l’homme et de sa monture car cette respiration ne sera que de courte durée. Bientôt, le speedomètre va reprendre du volume pour un long bord de portant dans la brise. « Ça devrait mollir en adonnant doucement pour passer cette petite dorsale qui était plus active pour les IMOCA qu’elle ne l’est pour nous. Le flux d’Est se reconstitue bien quand on arrive. On devrait empanner et faire du bâbord sous spi après l’adonnante-molle. Le répit va être court mais il sera le bienvenu » analysait Fabien avant de toucher les effets de cette transition. LEGALLAIS est passé ce matin sous la barre des 2 000 milles de distance restant à parcourir jusque New York.