Un virement de bord de la plus haute importance
L’ambiance est plus calme à bord de LEGALLAIS même si, dans le son envoyé à l’équipe à terre par Benjamin Schwartz, on peut toujours percevoir les chocs enchaînés de la coque tapant. « Le jour se lève à bord de LEGALLAIS après une nuit où les conditions s’améliorent d’heure en heure. Nous sommes passés du « baaam » qui te casse les vertèbres au « baaam » qui fait juste du bruit. Le vent mollit tout doucement et on dort de mieux en mieux à bord. « La nuit précédente et la journée d’hier, c’était vraiment des conditions difficiles pour le bateau et pour les bonshommes » explique le marin.
Si la vie à bord retrouve un peu de calme, la tension, quant à elle, est toujours maximale. Le quatuor de la Legallais Team Voile, toujours leader de la flotte, passe son temps sur les réglages du bateau car les adversaires sont proches, très proches ! Amarris est revenu à 3,6 milles de LEGALLAIS après la remise en place de son safran cassé et le troisième, Vogue avec un Crohn évolue 17,8 milles plus loin. Fabien, Corentin, Henri et Benjamin sentent presque le souffle de leurs concurrents dans leur dos tant ils sont en position de donner l’embuscade.
Tribord amure depuis 72 heures, LEGALLAIS progresse vers le cap Finisterre et va devoir négocier aujourd’hui avec un vent faiblissant à l’approche d’une dorsale anticyclonique. C’est donc encore un moment déterminant de la course qui se profile devant l’équipage du Class40 normand. Cette transition va l’amener à réaliser un virement avant de pouvoir gagner la pointe bretonne en bâbord amure. Fabien et son équipage savent qu’ils seront les premiers à buter dans ce flux faible et qu’ils assisteront donc à une nouvelle compression de la flotte. Leurs concurrents vont dangereusement se rapprocher de leur tableau arrière. L’enjeu va alors être de déterminer parfaitement ce point de virement et d’effectuer une belle manœuvre pour ne pas perdre une minute dans ce match haletant.
Benjamin Schwartz retrouve le ton de l’humour après un peu de repos ces dernières heures et nous explique, à sa manière, les erreurs à ne pas commettre sur cette manœuvre. « On s’attend à ce qu’il y ait un gros regroupement de la flotte. On espère qu’on ne va pas se rater dans le virement de bord comme les dahus. Ça fait maintenant 72 heures que nous sommes sur un bord. On a une jambe plus courte que l’autre donc quand on va virer de bord j’espère que l’on va quand même tenir debout. Les dahus, la légende dit que pour les faire tomber, il fallait leur faire face et leur faire faire demi-tour pour qu’ils tombent de la montagne » s’amuse l’équipier qui avoue aussi passer son temps, avec ses trois camarades du bord, à regarder heure après heure les pointages pour voir qui navigue le plus haut, qui navigue le plus vite.
Déterminée à ne pas céder son siège de leader, la Legallais Team Voile opère avec minutie sur une transat qui laisse peu de répit et qui a éjecté encore hier deux concurrents sur le bas-côté de la route. L’italien Ambrogio Beccaria, l’un des favoris, a constaté un gros trou à l’avant de son bateau et a dû évacuer 200 litres d’eau. Il est contraint à l’abandon tout comme l’équipage d’Alternative Sailing-Construction du Belon aux prises avec des dommages structurels sur son Class40. Pour les leaders, la course se poursuit et ils ont espoir de rallier Saint-Malo lundi.